Cela fait un moment que je voulais inaugurer un nouveau format d’articles sur ce blog pour mettre en avant du fonds alors que je parle souvent ici de nouveautés qui me plaisent en littérature jeunesse. C’est que le fonds me semble fondamental en librairie, que ce soit des grands classiques toujours édités, des rééditions bienvenues ou des livres parus il y a quelques années, parfois plus très diffusés, mais que l’on chérit et conseille toujours pour permettre de répondre à tant de sollicitations différentes et d’aiguiser l’œil et la curiosité des enfants et des adultes qui les accompagnent. En parallèle des nouveautés toujours à découvrir avec plaisir, cela permettra au fur et à mesure d’esquisser ce qui pourrait être ma bibliothèque jeunesse idéale.

Je commence alors cette rubrique avec Serpent rêve, un album pour les tous jeunes enfants de Sara Villius et Mari Kanstad Johnsen, traduit du suédois par Catherine Renaud aux éditions Cambourakis en 2019, livre qui me semble parfait pour inaugurer cette rubrique tant il représente bien ce que j’aime et qui m’intéresse dans l’album jeunesse, tout en étant passé assez inaperçu à sa sortie.

M’attirent d’emblée vers ce livre les illustrations de Mari Kanstad Johnsen dont je suis depuis longtemps le travail tant l’aspect lâché et l’expressivité de ses formes représentatives ainsi que les contrastes dans ses jeux de couleurs m’intéressent. D’autant ici que j’ai une petite fascination personnelle pour les serpents dans les albums pour enfants, animaux qui me semblent visuellement de parfaits personnages dans leur longueur, leurs formes possibles et leur malléabilité supposée amenant d’emblée à envisager des jeux graphiques.

Ici, l’on suit un serpent aussi glouton qu’indolent qui s’endort en rêvant à ce qu’il pourrait manger d’autre que les souris qu’on lui sert dans son vivarium. Par un dispositif aussi simple qu’ingénieux porté par un texte court, répétitif et percutant, voilà que le serpent endormi prend la forme de ce qu’il mange dans ses songes, vache, éléphant et même dinosaure, rien n’arrêtant son appétit imaginaire. Cela donne lieu, avec de jeunes enfants qui se prêtent vite au jeu de l’observation, à de délicieuses devinettes entre les doubles pages où l’on alterne entre la forme prise par le serpent puis la réponse de ce qu’il aurait mangé. L’on oscille avec humour, finesse et un vrai sens du rythme et des premières narrations, entre la peur d’être mangé, le sommeil du serpent à ne pas déranger, la fascination pour ces animaux et l’envie de proposer tant de choses plus ou moins absurdes, grandes et grosses que le serpent pourrait avaler et dont il prendrait la forme.

Dans cet album, le rapport entre le texte et l’image forme une narration en boucle fluide et parfaitement menée à découvrir avec des tout petits. Sara Villius et Mari Kanstad Johnsen ont publié d’autres albums ensemble ou séparément, principalement traduits en français aux éditions Cambourakis dont le fonds de traductions scandinaves à destination de la jeunesse devient de plus en plus fourni et intéressant. Un livre du fonds à retrouver en bibliothèque ou librairie, et s’il n’y est pas, vous pouvez l’y commander !

Laisser un commentaire